11.6.14

Chronique apéritive 3/

Koji Wakamatsu, L'Extase des anges, 1972.

 

(天使の恍惚, Tenshi no kōkotsu)
Réalisation : Kōji Wakamatsu
Scénario : Masao Adachi
Pays d'origine : Japon
Format : Noir et blanc - 35 mm - 2,35:1 - Mono
Genre : drame, érotique.
Date de sortie : 1972
Durée : 1h29
Avec : Ken Yoshizawa, Rie Yokoyama, Yuki Arasa, Masao Adachi, Michio Akiyama, Yosuke Akiyama, Susumu Iwabuchi, Yosuke Yamashita.

Pour cette projection du 15 juin, choisir un seul film dans la prolifique filmographie de Wakamatsu n'a pas été chose aisée. Nous avons d'abord éliminé les rares productions à gros budget, les titres les plus connus (si tant est qu'on le connaisse un peu), ceux des années 60 (que selon le réalisateur lui-même, les français préfèrent). Nous avons ensuite tenté de trouver, dans ce qui reste, une sorte de film qui serait emblématique et condenserait toutes les obsessions tant formelles que thématiques de Wakamatsu. Puis les nôtres aussi, ce qui fait que depuis que nous avons découvert ce réalisateur, nous devenons compulsifs à son sujet, cherchant tous ses films, en regardant certains plusieurs fois (bien trop de fois pour que cela reste raisonnable)

Nous avons longtemps hésité, nous aurions pu porter notre choix sur Va va vierge pour la deuxième fois, nous l'aurions choisi pour son intense beauté de cadrages, d'éclairages. Mais c'est un film très dur, tout à fait désespéré, sûrement trop lourd pour un dimanche soir. Et, même si, comme presque tous les films de Wakamastsu, il traite de rapports de domination, la dimension politique n'est pas directe. Nous aurions manqué une part de ses interrogations comme il les porte à l'écran à partir des années 70.

Cette synthèse que nous cherchions est là, dans L’Extase des anges, même si la dimension sexuelle hérité du Pinku eiga, mauvais genre où Wakamatsu a fait ses armes, y est moindre (mais loin d'être absente).

Le film s'ouvre sur une scène de vol : un groupe de jeunes gens engagés dans une fraction politique armée va piller un dépôt de munitions. Mais l'action tourne mal, certains sont tués, d'autres blessés gravement. Une suspicion d'infiltration plane sur toute la cellule, il y aurait un donneur, un traître. Commencent alors des jeux de pouvoir, d'illusions et de désillusions en face d'un objectif révolutionnaire toujours plus lointain.

Ce Japon que nous donne à voir Wakamatsu dans ses films des années 70, nous le connaissons peu en occident : le Japon des cellules révolutionnaires, des mouvements de contestations étudiants et ouvriers. Et ce réalisateur, parce qu'il a été engagé dans ces mouvements, nous les montre sous un angle inhabituel pour ces sujets, qui n'est pas celui des discours d'Etat, mais celui des groupes politiques eux-mêmes. Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, L'Extase des anges n'est pas seulement un film politco-historique qui dans l'illusion de coller au plus près à l'événement, chercherait à l'expliquer, à en donner une interprétation digérée. Il assume sa dimension poétique, sa part de fiction idéalisatrice ou critique.

Esthétiquement, il conserve ce jeu du Pinku eiga, d'alternance entre noir et blanc et couleur, qui a l'origine, dans ce genre était utilisé pour montrer le rose des chairs, faire érotisme. Mais ici, c'est tout autre chose que les corps qui se montre, qui vient jouer avec l'intensité de l'image et la tension de la narration. Ce sont les rapports humains. Le sexe, objet central du Pinku eiga, n'est qu'un prétexte pour parler de pouvoir, de la violence des relations humaines. Dans les moments de tensions, de désespérance, une attention toute particulière est apportée à l'éclairage, aux cadrages, comme dans les deux très belles scènes de cabaret où la dirigeante de la cellule rencontre ses supérieurs.

L'Extase des anges est un film qui se désespère de l'amour, du politique, des tristes résultats de l'imbrication de ces deux tensions. Rien ne survit à la violence sinon la violence elle-même, désordonnée, sacrificielle.

Pour en apprendre un peu plus concernant la biographie de cet étrange bonhomme qu'est Koji Wakamatsu, on pourra se reporter à l'entretien qu'il a accordé à 1Kult pour la sortie de Le Soldat Dieu ou à l'article le concernant sur le site du Cinéclub de Caen.

Si l'on est amoureux du théorique, on pourra écouter la conférence diffusée sur le site de La cinémathèque française, où il est aussi question de Masao Adachi, autre cinéaste japonais de la révolte, dont on voit le nom ici, pour la réalisation et dans la liste des acteurs.

Mais surtout, on viendra dimanche voir le film avec nous.



4.6.14

Souvenirs d'Amérique du sud 1/

1.a. Argentine, représentations de la dictature

Une enfance clandestine, B. Avila
Histoire d'une fugue, Buenos Aires 1977, A. Caetano
L'Histoire officielle, L. Puenzo
L'Heure des brasiers, F. Solanas
Tangos, l'exil de Gardel, F. Solanas


2.6.14

Déclassement.

Au retour d'Amérique du Sud, le disque dur de mon ordinateur de sac a tristement été scratché. Le classement thématique des films tel qu'il était établi en février 2014 est totalement perdu.
Les listes qui n'avaient pas encore été publiées ont donc disparu à jamais. Je n'en ai plus de souvenir, elles ne seront pas reproduites à l'identique ou presque. Je n'en éprouve pas de tristesse, de sensation de perte réellement effective qui pourrait me conduire à tenter une récupération.
C'est donc sans inquiétude de cohérence avec l'ancien que je reprends mes classements suivant mes obsessions thématiques.